La PEAU D'ÉLISA
22 avr. 2017“ les souvenirs amoureux, quand ils montent de l'intérieur, quand ils passent dans la gorge et dans la bouche, ils dégagent une espèce de substance qui se répand dans la peau et l'empêche de pousser “
La Peau d’Elisa a été conçue à Bruxelles en octobre 1995 par l’auteure québécoise Carole Fréchette, dans le cadre du projet « Ecrire la ville », et a vu le jour quelques mois plus tard, en 1996. Les textes de Carole Fréchette ont été traduits jusqu’à maintenant en dix-huit langues, joués à travers le monde, et salués par de nombreuses récompenses au Canada et à l’étranger.
L’histoire : Une femme seule, assise devant nous, sur un banc public. Une femme de chair, d’os et de sang, qui se livre à un étrange rituel. Avec délicatesse, elle raconte des histoires d’amour. Des histoires vraies qui sont arrivés dans des lieux précis d’une ville précise : Bruxelles. Elle insiste avec minutie sur tous les détails intimes : le cœur qui bat, les mains moites, le souffle court, la peau qui frémit sous les doigts. Qui est-elle, cette femme au passé multiple et pourquoi raconte-t-elle tout cela ? Elle parle avec fébrilité, comme si elle était en danger, comme si son cœur, sa vie, sa peau en dépendait. Peu à peu, à travers ses récits, elle révèle ce qui la pousse à raconter et livre le secret insensé qu’un jeune homme lui a confié, un jour, dans un café…
Avec
Nathalie Nowicki et Philippe Altier
Univers sonore : Emeric Priolon
Scénographie : Yan Bernard
Lumière : Tarak Ferreri
Mise en scène : Philippe Altier
Coproduction : Cie EN ROUE LIBRE & Cie COUR EN L'AIR
Il y a dans l’écriture de Carole Frechette,
cette dose d’humour, de cruauté et de
poésie qui propose du « jeu » à l’acteur, et
des sensations déroutantes au public, entre
rire et émotion.
Avec ce texte de Carole Fréchette, on est
d’abord surpris par le changement de « je »
du personnage d’Elisa. Le spectateur est
entraîné vers une sensation d’étrangeté,
d’un discours bizarre, voire délirant, de tous
ces « je » qui permettent du « jeu » pour
l’actrice porteuse de cette histoire, Nathalie
Nowicki.
Carole Fréchette a l’art d’écrire des pièces
de théâtre qui souvent, sont des métaphores
sur la nécessaire place de l’acteur, des
auteurs et du théâtre dans notre société :
raconter des histoires pour éveiller le coeur
et l’esprit des hommes.
Quand Elisa dévoile ce que lui a dit le jeune
homme, pour donner les raisons de sa prise
de parole, le regard du public change sur ce
personnage qui laisse voir la solitude de son
propre « je ». Ce « je » qui avoue devoir
survivre, en récoltant et racontant des
histoires d’amour.
Car le besoin fondamental d’amour est au
centre de l’écriture de « La peau d’Elisa ».
Dans une société où tout s’achète sauf
l’amour, où la multitude des êtres humains
n’empêche pas la solitude d’exister , le
personnage d’Elisa crée par Carole
Fréchette avec sa « récolte amoureuse » à
Bruxelles, nous invite à questionner cette
solitude contemporaine, et la nécessité de
vivre et de raconter des histoires d’amour.
Là, il n’est question, ni de pouvoir ni
d’argent, mais de la mémoire de ce
sentiment dans nos coeurs, du souvenir, du
frisson, du ressenti, de l’émotion, de la trace
qu’il laisse dans nos esprits, dans nos corps
et notre peau.
Pour mettre en avant ces deux notions de
temps, présent et passé, nous allons
travailler sur un plateau assez dépouillé. En
avant scène, dans un couloir de lumière qui
représentera le moment présent de la vie
d’Elisa : un banc public et un lampadaire. En
fond de scène, pour représenter la mémoire
d’Elisa, et sa rencontre avec le jeune
homme : une table haute de bistro et deux
tabourets de bar.
L’univers sonore du spectacle « cernera » le
public grâce un dispositif sonore permettant
d’entrainer le public dans le composition
contemporaine sur fond d’ambiance de ville.
Le comédien qui jouera le jeune homme
sera toujours présent, assis de dos, et sa
voix sera amplifiée par un micro HF, pour
donner l‘impression qu’il chuchote autant à
l’oreille d’Elisa qu’à celle du public.
Philippe Altier
Taulignan “La peau d’Elisa” a été jouée en avant-première au village
Sur invitation de l'association Arts et culture, les compagnies “En roue libre” et “Cour en l'air” ont joué “La peau d'Elisa” à la salle des fêtes vendredi. Le texte est de Carole Frechette, une Québécoise. Elle l’a écrit en Belgique dans le cadre du projet “Ecrire la ville”. Le texte met en corrélation des lieux particuliers et des histoires d'amour. La mise en scène est de Philippe Altier. La pièce est interprétée par Nathalie Nowicki et Philippe Altier.
La performance réside dans l'interprétation de l'actrice qui joue un monologue pendant la grande majorité de la pièce. Elle interprète une femme qui raconte des histoires d'amour, les siennes et celles des autres. La ville sert de cadre et de prétexte à ces histoires. Une ville symbolisée par un fond sonore, par un banc et un lampadaire, le mobilier urbain par excellence. Le décor est sobre. En arrière-plan, une table et deux chaises hautes de bar représentent un café dans lequel s'installe un homme qui parle en parallèle ou donne parfois la réplique à la femme du banc.
Au premier plan, un sol jonché de feuilles de papier : les récits d'amour de la narratrice qui invite à la fin le public à venir la retrouver sur son banc à Bruxelles pour lui raconter ses histoires d'amour. Seule solution de survie pour elle sinon faute de récits, sa peau se développera et l'étouffera. Une image symbolique de la solitude dans une ville surpeuplée. La compagnie a présenté à Taulignan son avant-première a joué ensuite la pièce à Nyons.